La nécropole des Alyscamps et l'église Saint Honnorat
Les Alyscamps, nécropole chrétienne inscrite au Patrimoine Mondial de l’UNESCO, offrent une promenade bordée de sarcophages remarquables. Au cœur du site, l’église Saint-Honorat marque le point de départ du Chemin d’Arles vers Compostelle.
Mais revenons au nom ALYSCAMPS. Ce mot veut dire « Champs Elysée ». C'était la voie qui menait au paradis pour les Romains.
Dans l’Antiquité, les cimetières étaient toujours extérieurs à l’enceinte des cités et souvent implantés le long des grands axes routiers. Dès le début de l’Empire, tombes à incinération, sarcophages et mausolées s’égrenèrent aux abords de la Via Aurelia, constituant une vaste nécropole.
Mais, c’est à l’époque paléochrétienne que le cimetière prit une importance majeure avec l’inhumation du martyr saint Genest et la sépulture des premiers évêques d’Arles, abrités dans une chapelle bientôt entourée par un grand nombre de tombes pressées sur plusieurs rangs.
Vers 1040 fut installé un prieuré sous le vocable de Saint-Honorat dépendant de l’abbaye Saint-Victor de Marseille. La nécropole devint une étape obligée du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle et les chansons de Gestes ne manquèrent pas d’y situer les combats de Charlemagne contre les Sarrasins, pour expliquer l’abondance des tombes. Dante immortalisa ce lieu dans son poème « L’enfer ».
Alignement de sarcophages noyés dans la verdure, à un jet de pierre du centre-ville, les Alyscamps ou Champs-Élysées dégagent une impression mêlant mystère et sérénité. Cet ancien cimetière de l’Antiquité abritait jadis près d’un millier de tombes, dont celles des évêques arlésiens. Il n’en reste aujourd’hui qu’une allée ombragée, menant aux vestiges de l’église romane Saint-Honorat, du XIIe siècle. Le charme des lieux n’échappa ni à Van Gogh ni à Gauguin qui, en 1888, y plantèrent chacun leur chevalet. Plus récemment, Gucci y a même fait un défilé…
Le Sarcophage aux Alyscamps
Observons un sarcophage de plus près. Avant tout, que veut dire sarcophage ? Et bien cela veut dire « qui mange la chair », brrr. Ça donne la chair de poule non ? Un sarcophage est constitué d’une cuve et d’un couvercle. Quelquefois le couvercle a la forme d’un toit, on peut même en trouver avec un décor de fausses tuiles. C’est pour rappeler qu’il est la dernière maison du mort.
On peut trouver ces symboles sur plusieurs sarcophages. En observant plus attentivement tu reconnaîtras peut être ces symboles. Il s’agit d’outils de tailleur de pierre et de maçons. Le symbole en forme de A est un niveau de maçon antique : il était composé de morceaux de bois en forme de A avec un fil à plomb au milieu. Ces outils existent encore mais il n’a plus la même forme. Aujourd’hui c’est une sorte de grande règle en métal avec une petite bulle d’air dans de l’eau. Le niveau de maçon sert à vérifier si les murs sont bien droits. Mais pour les romains, ce symbole voulait dire que tous les hommes sont égaux face à la mort. Le deuxième symbole représente une « ascia ». C’est un outil qui servait à tailler la pierre. On sculptait ce symbole sur le sarcophage pour dire au mort qu’on avait bien fait tailler son sarcophage (encore une fois, on ne voulait pas qu’il se fâche !)
En fait, les plus beaux sarcophages ne sont plus aux Alyscamps. On a préféré les exposer dans un musée (le Musée de l’Arles et de la Provence antiques) pour éviter qu’ils ne s’abîment. Les romains les plus riches étaient enterrés dans de magnifiques sarcophages de marbre sculptés.
Comme celui de cette photo.
Sarcophage de Psyché
Le blason de la famille Porcelet
Le nom de Porcelet vient d’une légende assez amusante qui est parvenue jusqu’à nous. On raconte que ce nom viendrait d'une malédiction lancée par une vieille femme à une dame de cette famille qui l’avait bousculée : elle devait avoir autant d’enfants qu’une truie aurait de porcelets. C’est ce qui arriva d’après la légende ! On donna alors à la famille le nom de Porcelet.
Enclos funéraire devant l'église Saint-Honorat-des-Alyscamps
Elle est remplie de sarcophages ! Et comme ils sont serrés, on a voulu en empiler le plus possible près de cette belle église pour y être enterrés à côté des lieux saints. L’église Saint-Honorat-des-Alyscamps a été construite autour du tombeau de saint Genest. Au Moyen Age la nécropole est devenue un cimetière chrétien car beaucoup de chrétiens voulaient être enterrés près de saint Genest. On pensait pouvoir aller plus vite au Paradis ! On peut même voir des sarcophages romains réutilisés par les chrétiens. On effaçait les symboles païens et à la place on sculptait une croix chrétienne.
La Genouillade
Une légende raconte que le Christ serait apparu ici pour bénir les lieux lors d’une assemblée d’évêques. Il se serait agenouillé laissant la trace de son genou sur un rocher. D’ailleurs, le quartier qui se trouve à côté des Alyscamps s’appelle la Genouillade ! On venait de loin pour se faire enterrer ici : quand on ne pouvait pas transporter les morts, on plaçait leurs corps dans des tonneaux sur le fleuve (le Rhône) et les tonneaux descendaient jusqu’à Arles, à l’aide du courant. La légende raconte que les corps s’arrêtaient miraculeusement à Arles.
Durant l’Antiquité, le monde des morts était séparé du monde des vivants, et les nécropoles se trouvaient à l’extérieur des remparts. Les enterrements étaient interdits à l’intérieur des
villes, mais défunts et mortels se côtoyaient dans les nécropoles pour des repas funèbres ou véritables fêtes, dont l’aspect parfois excessif les fit plus tard interdire par les évêques chrétiens.
Pendant le Haut-Empire, l’incinération était la pratique la plus courante, et les cendres et restes osseux étaient le plus fréquemment recueillis dans une urne cinéraire placée dans un mausolée ou enterrée dans un enclos familial, parfois sous une stèle portant une épitaphe. Sous l’influence, entre autres, du christianisme, l’habitude d’enterrer les corps dans des cercueils ou des sarcophages remplaça progressivement l’incinération qui disparut au IIIe siècle.
Avec celle des Alyscamps, la ville compta jusqu’à cinq nécropoles (au Trébon, au cirque, à Trinquetaille, et au sud de la cité) dont trois étaient encore utilisées durant l’Antiquité tardive. Deux d’entre elles, les Alyscamps et Trinquetaille, durent leur célébrité à partir de la fin du IVe siècle au martyre de Genest, saint arlésien. Puis la réputation du lieu devint si prestigieuse que de nombreuses personnes souhaitaient y être enterrée, à l’instar des évêques d’Arles.
Vers le milieu du XIe siècle, une partie du site fut cédé à la puissante abbaye Saint-Victor de Marseille, qui plaça le sanctuaire sous la protection de saint Honorat, évêque d’Arles entre 426 et 429. C’est le nom de ce dernier qui fut donné à l’église reconstruite au XIIe. A cette époque, la nécropole devint par ailleurs le point de départ du chemin d’Arles vers Saint-Jacques de Compostelle. Ce lieu bénéficia des mythes et légendes qui fleurirent alors, jusqu’à lui conférer une atmosphère d’« héroïque grandeur ».
Les Alyscamps vu par les peintres
Les Alyscamps est un tableau réalisé en 1888 par le peintre néerlandais Vincent van Gogh. De format vertical, cette huile sur toile est un paysage qui représente une allée arborée aux Alyscamps, la nécropole romaine d'Arles, dans les Bouches-du-Rhône, en France. L'œuvre est conservée au sein d'une collection privée, après avoir été vendue via Christie's en 2003 puis Sotheby's en 2015.
Paul Gauguin (1848 - 1903)
En octobre 1888, Gauguin arrive en Arles, invité par son ami Vincent van Gogh à venir vivre et travailler avec lui. Les deux artistes échangent depuis plusieurs mois une longue correspondance, se confiant mutuellement l'avancée de leurs recherches vers une vision non naturaliste du paysage.