Elle est célèbre pour l'architecture gothique de son abbaye datant du XIVe siècle, construite à la suite de la demande de Pierre Roger de Beaufort (Clément VI) alors Pape à Avignon. À l'intérieur de l'Abbatiale se trouvent une fresque sur le thème de la danse macabre, des tapisseries dont celle de L'Apparition du Christ à Marie-Madeleine, un orgue impressionnant et un jubé partageant le chœur en deux parties, l'une réservée aux moines et l'autre au peuple. À l'extérieur, on peut voir la Salle de l'écho, un musée de cire et la ville médiévale. Tous les ans durant le mois d'août, La Chaise-Dieu est animée par le Festival de Musique fondé en 1966 par Georges Cziffra.
Abbatiale St.-Robert datant du XIVe siècle, d'un style gothique languedocien grâce au travail du célèbre Hugues Morel, connu pour avoir réalisé le Palais des Papes à Avignon.
L’église abbatiale est un vaste édifice en granit de 75 m de long, 24 m de largeur et 18 m de haut.
La façade est austère dans sa rigueur, la simplicité de ses lignes et l’emploi des matériaux (pierres admirablement bien taillées).
Deux tours encadrent une large partie centrale.
De très puissants contreforts, très saillants et profondément ancrés dans le sol, accentuent les verticales.
De grands arcs ont été lancés au devant du mur, d’un contrefort à l’autre, pour raidir la maçonnerie. Au-dessus, une galerie de circulation a été aménagée.
L’immense portail a cruellement souffert des déprédations des protestants en 1562. Une statue de saint Robert subsiste au trumeau. Les sculptures des pieds-droits, du linteau, du tympan et des voussures ont disparu.
L’escalier en éventail construit en 1758 remplace l’escalier droit de la largeur du portail qu’avait voulu Clément VI. Cet ajout d’époque Louis XV tempère l’austérité de la façade. Il en conserve la majesté avec ses 44 marches et sa dimension quasi théâtrale.
L’architecture dite gothique languedocienne est décrite par Alain Erlande-Brandenburg [1] Afin de créer un volume unique en englobant les collatéraux dans un vaisseau central, leur largeur a été réduite, leur clés de voûte sont à la même hauteur et donc leurs arcades ont été hissées à la hauteur de celles de la voûte centrale, réduisant d’autant les dimensions des supports.
Ce vaisseau unique est très frappant à l’abside : il permet une dilatation du volume intérieur ; la voûte à six branches d’ogive couvre des chapelles rayonnantes, dont les baies vitrées, très hautes, permettent à la lumière de pénétrer.
L’absence de chapiteaux, les nervures des voûtes venant se fondre progressivement dans les colonnes, allège la structure pourtant massive : l’élévation sous les clés de voûte n’est que de 18 m ; la largeur de la nef est, elle, de 13 m.
Le jubé divise l’église en deux : le chœur des moines d’un côté auquel ils accédaient par la porte du cloître et la nef proprement dite de l’autre où les pèlerins venaient vénérer le tombeau de saint Robert et où ils accédaient par le grand escalier. L’église n’a pas été conçue comme une église paroissiale.
Le jubé actuel a été remanié au XVIIe pour permettre à l’orgue d’être mieux entendu du chœur. On peut voir les armes du cardinal Serroni sur la porte.
Un crucifix, daté de 1603, œuvre d’un moine de La Chaise-Dieu le surplombe encadré par des statues du XVe représentant la Vierge et l’apôtre saint Jean.
Devant le jubé, sur la droite, la pierre tombale d’origine, de saint Robert, est simplement marquée d’une croix.
L’orgue monumental est présenté par ailleurs. Instrument dit français du XVIIe, il est très recherché par les mélomanes. L’association Marin Carouge organise des journées de l’orgue.
Si l’église frappe par son austérité, les stalles, les tapisseries et les autels classiques donnent une atmosphère chaleureuse au chœur. Les tapisseries sont présentées par ailleurs.
Les stalles, voulues par le pape Clément VI, n’ont été installées qu’au début du XVe siècle. Elles sont en chêne, au nombre de 144. Si l’effet de répétition est intéressant, en revanche, les sculptures restent relativement simples, à l’exception des extrémités et, près du jubé, des stalles de l’abbé et de son prieur de part et d’autre de la porte. Seuls les culs de lampe montrent une diversité, non dénuée de poésie ou même d’humour [2].
Au centre, le tombeau du pape Clément VI : le mausolée de marbre noir a été refait au XVIIe par les mauristes qui avaient entrepris de restaurer une église lourdement profanée par les huguenots. Le gisant de marbre blanc est d’origine. Le mausolée était entouré de statuettes de marbre blanc, représentant la famille du pape ; il n’en reste que des fragments, soit dans la salle du Trésor, soit au musée Crozatier au Puy.
Les archives de l’abbaye mentionnent la construction d’un orgue en 1683. Il s’agit du « petit buffet » et de la tribune qui existent encore aujourd’hui. Nous ne savons pas quel a été le facteur d’orgue de cette première réalisation. Hyacinthe Serroni alors abbé commendataire de La Chaise-Dieu est un grand seigneur fastueux arrivé à la cour de France dans l’entourage du cardinal Mazarin. Il a sans doute voulu faire réaliser à La Chaise-Dieu un somptueux décor comme l’affectionnaient tant les Italiens de l’époque baroque. La tribune est signée Cox. Ce sculpteur, peu connu, a travaillé dans la vallée du Rhône et en Auvergne. Le décor n’est sans doute pas entièrement de sa main. Il s’inscrit dans la logique décorative du baroque français. Cette conception est déjà très archaïque pour la fin du XVIIe siècle. Nous avons là un des derniers grands programmes décoratifs sur un orgue. Par la suite les buffets seront plus sobres.
Nous savons peu de choses sur la structure sonore de cet instrument limité aux 14 jeux du positif. Il n’a pas été terminé, probablement à cause de la faillite de l’abbé.
Sous l’abbatiat du cardinal de Rohan, les travaux reprennent. Le chantier est confié à un facteur parisien qui a beaucoup travaillé en Franche-Comté, Marin Carouge. Il complète l’instrument de 1683. L’orgue est alors assez semblable à celui que nous connaissons aujourd’hui. Il doit comporter une quarantaine de jeux répartis sur quatre claviers et un pédalier. La tuyauterie nouvelle prend place dans le grand buffet, d’un style assez différent de celui du positif de 1683. Ce second buffet est d’un style très classique « Louis XIV », bien que postérieur de douze ans à la mort du Roi-Soleil. Marin Carouge n’a pas cherché l’homothétie des buffets, contrairement à ce qui se pratique d’ordinaire. En fait, le grand buffet est vraisemblablement une récupération d’un autre orgue. (Des sorties de « porte-vent » sont situées à l’arrière du buffet à un endroit où elles sont inutilisables). Les sculptures de ce grand buffet sont moins travaillées que celles du positif. Il convient de remarquer les statues d’anges musiciens au sommet des grandes tourelles. Il s’agit d’un travail de grande qualité, anonyme mais d’une facture très semblable à ce que faisait Vaneau et son entourage au Puy à la même époque.
Au cours du XVIIIe siècle, nous pouvons identifier deux interventions de facteurs d’orgue. En 1779 un certain J. Prades, de la ville de Sommières en Bas-Languedoc effectue des travaux qu’il est difficile d’évaluer. Mais surtout, à la fin du XVIIIe siècle, on entreprend de changer le sommier du positif. On installe à la place de l’ancien sommier de 48 notes (de 1683 ?) un sommier de 50 notes, sans doute un ancien sommier de grand-orgue.
L’orgue sonne sans doute pour la dernière fois le 18 mars 1791. Les scellés sont apposés sur l’instrument. Il semble avoir été saccagé lors des fureurs révolutionnaires. En 1832, on s’active un peu autour de l’orgue. Le conseil de fabrique désigne Frédéric Crateman, facteur d’orgue habitant à Berne en Suisse pour restaurer l’orgue. Le projet sera abandonné. En 1849, le buffet est classé monument historique. Divers projets sont esquissés mais aucun ne verra le jour. De temps en temps des restaurations minimes sur le buffet et en 1958, la Maison Merklin refait les tuyaux de façades. Il faudra attendre l’élan donné en 1966 par l’illustre pianiste Cziffra pour que l’orgue se réveille enfin. En 1976, Le facteur d’orgue Dunand de Villeurbanne termine une importante reconstruction. Pour la première fois depuis 180 ans, l’orgue résonne sous les voûtes de l’abbatiale. Cette restauration aspirait à retrouver l’orgue tel qu’il était à la fin du XVIIIe siècle. Hélas, le résultat n’était pas à la hauteur des attentes. L’instrument s’est vite dégradé et en 1990, il était à nouveau poussif et difficilement jouable.
Le cloître est le centre du monastère. Celui de La Chaise-Dieu n’a plus que deux côtés : au nord, donnant accès à l’église et à l’ouest, longeant l’hôtellerie. Il faut imaginer le côté sud longeant le réfectoire et le côté est donnant accès aux dortoirs et cellules. Ils ont été détruits d’abord par un incendie peu avant la Révolution, puis par simple vandalisme au cours du XIXe. Construit au XVe et achevés par l’abbé Jacques de Saint-Nectaire au XVIe, ce cloître remplace l’ancien cloître roman voulu par saint Robert. De style gothique flamboyant, il a grande allure.
Dans l’angle sud-ouest, on voit l’emplacement du lavabo qui servait aux ablutions des moines avant d’entrer au réfectoire dont on aperçoit la porte.
Juste à l’entrée de ce réfectoire, les pierres des cheminées des cuisines sont encore visibles. Le réfectoire lui-même est devenu, au XIXe siècle, une chapelle : la chapelle des Pénitents.